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Wednesday, 24 March 2010

La peine de mort pourrait bientôt être « réactivée » en Corée du Sud

La Corée du Sud vit actuellement des instants cruciaux qui risquent de déterminer le futur de la peine capitale et du traitement de ses prisonniers pour les années à venir.

Ces dernières semaines, le pays tout entier a été pris dans un tourbillon de rage populaire à l’encontre d’un tueur-violeur d’enfant. Un crime dont la victime est une jeune adolescente et qui, c’est compréhensible, déchaîne la fureur du public.

A l’image des affaires de pédophilie très médiatisées qui se sont multipliées ces dernières années, avec Dutroux il y a quelque temps déjà, ou plus récemment les scandales à répétition impliquant l’Eglise catholique aux Etats-Unis ou en Irlande, ou encore la récente réapparition sur le devant de la scène médiatique britannique de Jon Venables, l’un des deux meurtriers du petit Bugler, qui aurait été trouvé en possession de matériaux pédopornographiques (à l’origine une affaire remontant à 1993 dans laquelle deux enfants de 10 ans avaient tué un bébé de 2 ans après l’avoir torturé), les Sud-Coréens sont actuellement pris de rage. Une rage qui pourrait bien les amener à reprendre les exécutions capitales qui avaient été connu une pause depuis l’arrivée au pouvoir en 1998 de l’ancien président Kim Dae-jung, lauréat du prix Nobel de la paix en 2000 pour ses efforts de réconciliation avec le Nord et sa rencontre avec le « cher leader » Kim Jong-il en 2000. Kil Dae-jung qui, en tant qu’opposant au pouvoir, avait lui-même été condamné à mort en 1980 pour trahison par le régime autoritaire de l’époque, pour être libéré en 1982 puis réhabilité dans ses droits en 1987, et finalement devenir à son tour président en 1997 (prise de fonction en 1998).

Son successeur en 2002, Roh Moo-hyun, étant lui-même un avocat défenseur des droits de l’homme avant de s’engager dans la politique, ce moratoire tacite sur la peine de mort initié par Kim Dae-jung a vu son existence prolongée de manière pourrait-on dire quasi-automatique pendant la durée de son mandat.

Avec l’arrivée au pouvoir en 2007 du conservateur Lee Myung-bak, ancien président de la branche construction du conglomérat Hyundai, ancien maire de Séoul et populiste notoire, tout cela pouvait changer. Et ce, d’autant plus après la mort rapprochée des deux ex-présidents Kim et Roh, l’un de maladie, l’autre après un suicide présumé que beaucoup attribuent à « l’acharnement » de l’administration Lee sur Roh, pour des affaires de corruption dans lesquelles des membres de sa famille et des proches auraient été impliqués (les choses étant ce qu’elles sont en Corée du Sud, la justice mit un terme aux poursuites engagées après son décès ; ce qui peut sembler étrange si l’on part du principe de l’indépendance de la justice à l’égard du politique – un signe que certains interprètent comme la confirmation que les poursuites étaient bel et bien politiquement motivées au départ, sinon elles auraient continué après sa mort, car impliquant principalement d’autres personnes que lui).

Mais je m’égare, même si rappeler à qui la Corée du Sud doit son moratoire de fait sur la peine capitale est essentiel si l’on souhaite mieux comparer la situation complexe actuellement en cours de développement.

Donc, il y a environ un mois, une collégienne de 13 ans de Pusan, la deuxième ville de Corée et un port important au sud de la péninsule, était portée disparue. Deux semaines plus tard, son corps sans vie dépouillé de tout vêtement était retrouvé dans une citerne vide abandonnée. L’autopsie révéla qu’elle avait été violée.

Aussitôt, la police se mit sur le pied de guerre pour trouver le coupable, et très vite un suspect, ou devrait-on dire LE suspect, un récidiviste ayant déjà fait de la prison pour des affaires de viols, a son nom rendu public dans les médias, sans pour autant être immédiatement attrapé.

Le président sud-coréen, qui est partout, fait tout, s’occupe de tout et veut se montrer indispensable à la gestion du pays jusque dans ses moindres détails, intervient dans les médias pour ordonner à la police d’arrêter le suspect dans les plus brefs délais.

Dès cet instant, il est possible de mettre en doute la sincérité de son intervention, car il est évident qu’il aurait tout aussi bien pu contacter le chef de la police de Pusan en privé (ce qu’il a d’ailleurs probablement fait) sans passer par les médias et que la police aurait fait son travail tout aussi bien, voire mieux, avec moins de pression médiatique.

Dans une affaire aussi dramatique que celle-ci, qui voit la vie d’une famille dévastée par la découverte d’une si horrible vérité, le rôle d’un président n’est pas de se mettre en avant et de soigner son image de dirigeant proche des préoccupations du peuple en utilisant les médias, mais plutôt à adopter une attitude discrète au lieu de faire des déclarations à la presse à tout bout de champ pour montrer qu’il s’occupe personnellement du cas.

D’autres chefs d’Etat, coréens ou pas, n’auraient probablement pas mis à profit ce genre de situation pour essayer de faire avancer des parties de leur programme ou de leur idéologie, certains auraient fait montre de plus de retenue.

On pourrait même dire que, à voir à quel point le gouvernement de Lee Myung-bak est déchaîné, on a l’impression que ce crime est du pain béni pour le parti du président, qui s’en donne à coeur joie pour suggérer jour après jour un nombre record de propositions.

Tout d’abord, le gouvernement a proposé de mettre en place une mesure qui, bien que n’étant pas spectaculaire dans sa mise en place, l’est néanmoins par le fond. En effet, l’une d’entre elles consisterait ni plus ni moins à introduire une mesure rétroactive pour les personnes condamnées pour délit sexuel sur mineur.

Concrètement, les pédophiles condamnés pour des crimes commis après septembre 2008 doivent porter un bracelet électronique 24h sur 24, mais avec la révision de loi projetée, ceux condamnés avant cette date (où cette mesure a été introduite) devront également le porter.

Même si à première vue on pourrait penser qu’il n’y a pas de quoi fouetter un chat, à y regarder de plus près cela revient effectivement à introduire un principe de rétroactivité dans la loi, une pratique qui est bannie par toute démocratie qui se respecte, car nul ne sait où pourrait amener ce genre de révision de loi.

Aujourd’hui, cela touche au bracelet électronique, et demain ? Un condamné purgeant une peine d’un an de prison en ce moment même verra-t-il sa peine transformée en une condamnation de 3 ans, 5 ans, 10 ans, suivant la conjoncture, les fluctuations de l’opinion publique et le bon-vouloir du gouvernement ? Quels critères seront utilisés pour juger s’il est adéquat d’introduire telle mesure rétroactive ou telle autre ? Qui sera jugé apte à légiférer ? Quels domaines seront concernés ? Quelle sera la limite temporelle de rétroactivité ?

Autant de questions auxquelles, bien entendu, il n’y a pas de réponses, car il va de soi que le principe même d’une mesure de loi créant un effet rétroactif n’appartient pas à un système démocratique, mais bel et bien à une dictature, ou tout le moins à un régime autoritaire.

A ce sujet, le président Lee ne cache pas son admiration pour le défunt dictateur Park Chung-hee, hait et vénéré tout à la fois (assassiné en 1979), et met bien des occasions à profit pour l’afficher lorsqu’il s’habille en treillis militaire pour certaines occasions (ce que ses deux prédécesseurs ne faisaient pas) où encore lorsqu’il décide d’organiser des réunions hebdomadaires de crise dans le bunker situé sous le palais présidentiel, histoire de bien faire comprendre au public à quel point la situation de l’économie est grave et qu’il a les choses bien en main, à l’image d’un commandant en chef menant ses troupes à la bataille (à condition qu’on se taise dans les rangs).

Son gouvernement a bien compris tout le bénéfice qu’il pouvait retirer du meurtre et du viol de la jeune collégienne, en menant des sondages auprès du public sur la peine de mort qui, dans un contexte chauffé à blanc par les médias, serait (« bien sûr », serait-on tenté de dire) favorable à 80 % à la peine capitale ; en proposant des peines plus lourdes pour les pédophiles ; en suggérant « qu’ils soient gardés à distance de la société » une fois libérés (on ne précise pas encore comment) ; et, last but not least, en proposant d’exécuter les 59 condamnés à mort en attente dans les prisons coréennes depuis leur condamnation.

La Cour constitutionnelle de Corée du Sud a récemment statué, en février dernier, sur la constitutionnalité de la peine capitale, estimant que celle-ci n’allait pas à l’encontre de la constitution du pays et que les prisonniers actuellement en attente de l’application de leur sentence pouvaient donc être exécutés.

Pendant la campagne présidentielle de 2007, l’un des principaux slogans de Lee Myung-bak, matraqué à longueur de journée, mettait en avant les « 10 années perdues » des deux présidences précédentes, au cours desquelles de nombreuses avancées ont été effectuées dans le sens d’une plus grande démocratisation du pays pour faire comprendre au peuple que le pouvoir était entre ses mains. Nul doute que l’explosion de l’Internet dans cette période (1998-2008) a grandement contribué à une large diffusion de concepts démocratiques dans la population coréenne et particulièrement chez les jeunes, grâce à un plus large accès à l’information, s’affranchissant des quotidiens conservateurs qui dominent la presse écrite en Corée.

En réintroduisant des mesures renforçant les contrôles d’identité en ligne et en adoptant une ligne plus dure proche de ses valeurs de base (nostalgie du système autoritaire datant d’avant les années 90), il semble bien que, effectivement, le parti de lee Myung-bak ait pour objectif de se débarrasser, du moins en partie, de l’héritage des 10 années qui ont précédé sont arrivée au pouvoir. Mais limiter les libertés, accentuer les peines et la répression et relancer l’application de la peine de mort n’est pas le signe que le président ou son parti aient une vision pour le futur de la société coréenne.

Le « bulldozer », un surnom donné à l’actuel président lorsqu’il dirigeait la branche construction de Hyundai, a beau penser qu’un pays peut se gérer comme une entreprise, une Nation, une société, est bien plus qu’une série d’indicateurs économiques. Les problèmes auxquels est actuellement confrontée la Corée au niveau social sont là pour lui rappeler qu’on ne peut résoudre les problèmes sociaux d’un pays de la même façon que ceux d’une compagnie.

Il est regrettable que Lee Myung-bak ne comprenne pas que l’utilisation de la misère du monde à des fins politiques, en l’occurrence un meurtre pédophile, ne soit pas éthique, (même si c’est ce que fait quotidiennement la plupart des hommes politiques partout dans le monde) et que la reprise des exécutions de condamnés à mort ne viendra malheureusement ni réduire ni mettre un terme aux meurtres ou aux viols d’enfants ou d’adultes. Cela aura pour seul effet de mettre en place des conditions pour une société plus répressive à l’égard de sa population en général.

Les familles endeuillées n’ont pas besoin d’une aide hypocrite, elles souhaitent probablement juste qu’on les laisse en paix. L’exécution de ces condamnés à mort, si elle a lieu, et la mise en place éventuelle de mesures n’ayant rien à faire dans une démocratie ne leur ramènera pas leur fille et ne garantira pas à la société coréenne des jours meilleurs.

Saturday, 14 November 2009

La Corée est-elle un Etat indépendant (Post Scriptum)

Comme pour confirmer mon précédent post, des officiers/généraux à la retraite ont récemment protesté à propos du transfert du contrôle des armées à venir en écrivant une lettre au président sud-coréen, dans laquelle ils disent que les années à venir seront trop instales pour se permettre de changer l'organisation de l'armée.
En résumé, comme tout le monde attend que Kim Jong-il, le leader nord-coréen, cède le pouvoir à l'un de ses fils (ou le pouvoir pourrait être une dirigeance collégiale) au cours des 5 à 10 prochaines années, changer cet accord avec les Etats-Unis serait trop risqué pour la sécurité de la Corée.

Bon.

Même si les spécialistes de la Corée de Nord pensent que la succession du Nord "pourrait" se produire dans cette période, premièrement, rien n'est sûr, et deuxièmement, même si cela devait arriver, que diront-ils 'une fois que' cette succession s'est faite ? A coup sûr, ces même personnes nous sortiront un autre argument de leur chapeau, comme quoi la situation est encore instable, que les élections américaines approchent, que la crise économique a un impact négatif sur les relations intercoréennes et que, avec la fin du monde de décembre 2012 à l'horizon (le calendrier Maya) il vaudrait mieux ne prende aucun risque, bla bla bla...

Ce que je veux dire c'est que, quelles que soient les circonstances, certains Coréens (du Sud) seront toujours opposés à une passation du pouvoir, comme celle sensée se produire en 2012 (au fait, avant la fin du monde maya). Cela confirme la conviction bien enracinée qu'il est plus sûr pour la Corée de ne pas être indépendant à 100%. De cette manière, les Américains, la Chine, ou quelque autre grande puissance que ce soit, devra prendre ses responsabilités et venir en aide à la Corée.

On pourra penser que c'est dur de dire une telle chose. Mais non, pas du tout. Je suis juste dur avec ces ex-généraux qui veulent que la Corée reste soumise à une grande puissance pour bénéficier de leur protection et pour ne pas prendre leurs responsabilités.
il semble que ces généraux pensent sur un mode qui était dominant dans l'ère Joseon, où la Chine figurait au centre et les pays environnants devaient faire montre de respect à son égard.

Mais nous ne somme plus au 19e siècle, les Etats-Unis ne sont pas la Chine et les Américains ne perçoivent pas du tout les relations diplomatiques ou les alliances militaires sur ce modèle, donc nos ex-militaires feraient bien d'aller voir ailleurs s'ils y sont; parce que, dans tous les cas, la Corée du Nord ne va attaquer personne, que ce soit dans un futur proche ou lointain, il n'y a donc aucun risque de guerre si les responsables, des deux côtés, se comportent de manière raisonnable.
Même si un pays est à la fois fermé et une dictature, cela ne signifie pas pour autant qu'il soit fou.

La Corée du Sud est-elle un Etat indépendant ?

D’ici quelques années, la Corée du Sud devrait reprendre le contrôle de son armée dans sa totalité.

Qu’est-ce que cela veut dire ? la Corée n’est-elle pas un pays souverain en mesure de diriger son armée comme bon lui semble selon les circonstances et les besoins qui se présentent ?

Et bien non.
En tout cas pas encore.

Dans l’état actuel des choses, le contrôle de l’armée sud-coréenne au plus haut niveau en cas de guerre est entre les mains des américains.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, le contrôle des forces armées sud-coréennes en temps de paix appartenait aux américains jusqu’en 1994.
Puis, plus récemment, lors d’un discours prononcé le 15 août 2004, c’est Roh Mu-hyunn, le précédent président de Corée du Sud (maintenant décédé suite à son suicide en mai de cette année), qui a fait mention de l’importance pour la Corée du Sud de posséder une défense indépendante, afin d’émanciper son pays de la tutelle militaire américaine, en développant un partenariat avec les Etats-Unis où ces derniers joueraient un rôle d’allié dans pour autant avoir droit de regard sur l’armée coréenne en tant que telle.

La Corée a donc récupéré le contrôle de son armée en temps de paix en 1994, et devrait le récupérer le 17 avril 2012 pour une situation en cas de guerre.

La Corée et les Coréens étant un pays et un peuple assez complexes, la décision du président sud-coréen de mettre fin à ce contrôle militaire a rencontré de vives résistances de la part d’une certaine catégorie de la population, principalement la vieille génération, pour qui les Etats-Unis sont synonymes d’allié protecteur de la péninsule sans qui le Sud serait irrémédiablement tombé aux mains des communistes du Nord.

Il n’est bien sûr pas nécessaire de céder le contrôle de son armée pour nouer une alliance forte et d’être assuré de la protection d’une grande puissance – après tout, c’est le cas de nombre d’alliés des Américains ou des Russes – mais ce n’est apparemment pas ce que pensent certains Coréens, qui craignent que la récupération – fort légitime au demeurant – de ce contrôle ne soit perçue comme un affaiblissement de leur armée pour des yeux extérieurs malveillants.

La transformation de l’alliance militaire américano-coréenne inquiète d’autant plus certains supporters coréens des Etats-Unis qu’elle ne représente qu’un des volets des changements apportés par le défunt président. En effet, la relocalisation prochaine d’une importante base militaire américaine se trouvant en plein centre de Séoul (d’une taille équivalente à Central Park) à Pyeongtaek, à environ 65 kilomètres au sud de la capitale, alimente les craintes de ceux qui pensent que leur pays est en train d’affaiblir ses défenses face à une attaque éventuelle des Nord-Coréens.

Les mêmes s’inquiètent qu’un tel déménagement soit le signe d’un désengagement américain dans la péninsule qui pourrait déboucher sur de plus grandes probabilités d’un conflit armé. En effet, en mettant hors de portée ses troupes de la ‘killer box’ qu’est Séoul, les Américains s’assureraient ainsi des pertes réduites en cas de bombardement de la capitale, et seraient alors moins hésitants à engager de front le Nord, et à empêcher le redémarrage d’une guerre qui n’a jamais officiellement cessé (seul un armistice a été signé en 1953).

Il faut savoir que Séoul se trouve à portée de canon de l’artillerie du Nord et un conflit armé ferait un vrai carnage parmi les 20 millions de résidents de l’agglomération séoulite.

Qu’un tel débat portant sur un élément clef de la souveraineté même d’un pays puisse exister peut sembler étonnant, car en effet quoi de plus symbolique de l’indépendance d’un pays que le contrôle de son armée ?

Etant donné que l’alliance actuelle entre la Corée du Sud et les Etats-Unis est l’héritage direct de la guerre de Corée (1950-53), issue de la Guerre Froide, et sachant que cette guerre est techniquement encore en cours, on pourrait être tenté de voir l’origine des craintes sud-coréennes dans la guerre civile qui a eu lieu il y a maintenant presque 60 ans.

Mais cela serait ignorer les siècles d’histoire de la Corée, pour lesquels les Coréens ne se lassent pas de vanter leur pays.

En fait, à y regarder de plus près on s’aperçoit d’une chose essentielle dans l’histoire millénaire de la péninsule, c’est qu’une grande part de son histoire récente, voire moins récente, peut être caractérisée par une absence de réelle indépendance.

La péninsule coréenne a été occupée par le Japon de 1910 à 1945, période capitale pendant laquelle la Corée avait temporairement cessé d’exister au niveau des relations internationales et qui est encore à l’origine de désaccords avec le Japon de nos jours pour, notamment, l’appellation des mers environnantes (exemple : ‘mer du Japon’ à la place de ‘mer de l’Est’ ou vice-versa) figurant actuellement sur de nombreux atlas dans le monde.

La période précédant l’occupation japonaise correspond à la dynastie Yi, ou la période Joseon, au choix, s’étendant sur plus de 500 ans, de 1392 à 1910.
Même si au cours de cette période on ne peut remettre en cause le fait que la Corée était un ‘pays indépendant’, il est également vrai que les coréens eux-mêmes reconnaissaient la primauté de la Chine dans la région et lui présentaient un tribu annuel en signe de soumission, et attendaient de la Chine protection et une attitude bienveillante à leur égard, à l’image d’un grand frère veillant sur le cadet ; une image et un rôle d’ailleurs rempli par la Chine, notamment au cours de l’invasion japonaise de 1592-1598, au cours de laquelle les chinois avaient envoyé de nombreux renforts, affaiblissant ainsi son armée face aux invasions mandchoues qui n’allaient pas tarder à pointer le bout de leur nez.

Sans remonter plus avant dans le temps, on constate très vite un élément qui caractérise une grande partie de l’histoire coréenne, à savoir que la Corée a rarement été dans une position de pays indépendant que ce soit au niveau matériel (occupation japonaise) ou psychologique (position de vassal affirmée vis-à-vis de la Chine pendant des centaines d’années).

A la lumière de ces informations, il n’est donc finalement pas étonnant de constater les réticences de certains Coréens en ce qui concerne la volonté de leur gouvernement de développer une ligne affichant une plus grande indépendance. Pour ceux-là, indépendance est synonyme à la fois d’insécurité (qui viendra en aide à la Corée en cas de pépin ?) et d’inconnu (quelles en sont les implications ? Il faut se prendre en main).

En somme, la Corée a du mal à se libérer d’un schéma de soumission imprimé dans son histoire au cours de plusieurs centaines d’années. On peut se poser la question de la capacité de la Corée à développer une ligne plus indépendante qui aurait pour but d’entretenir une relation plus ‘égalitaire’ avec les Américains. Ce n’est pas chose facile, mais étant donné le récent statut de pays riche de la Corée du Sud et sa non moins récente influence à travers toute l’Asie à travers sa culture Pop, ses séries télé et son cinéma, on se prend à penser qu’il est possible qu’elle réalise finalement qu’elle a un rôle à jouer au niveau international, libérée en partie de l’influence américaine omniprésente, et qu’il ne tient qu’à elle à affirmer enfin, après une parenthèse de plusieurs centaines d’années, le caractère unique de sa culture et de sa vision du monde.

Mais il faut d’abord pour cela que les Coréens soient persuadés de leur capacité à s’émanciper et à agir de manière indépendante du bon-vouloir d’une autre grande puissance. Un processus qui, s’il se produit un jour, demandera probablement encore de nombreuses années.

Friday, 23 January 2009

La démocratie coréenne en danger - Lettre au président

Bonjour tout le monde (y’a quelqu’un?)

Quand j’ai commencé ce blog, je ne pensais pas que je trouverais matière à parler de politique. Il semble bien que je n’ai pu m’empêcher d’écrire un post qui y ressemble. Mais bon, premièrement, ceci est mon petit blog à moi, et deuxièmement, la politique ne se borne pas à un débat gauche-droite, communisme contre capitalisme, ou à essayer d’être élu. La politique, c’est d’abord comment bien gouverner, et quand on parle d’un système démocratique, on parle d’un gouvernement du peuple par le peuple pour le bien du pays et de ses citoyens. De ce fait, la politique porte sur la vie, les droits civiques et sur tout ce qui permet à un peuple de vivre ensemble, et bien plus encore. Dans ce sens, on pourrait dire que j’ai écrit à propos de politique depuis le début de ce blog (sans même le réaliser…).

Donc, pour en revenir à ma petite contribution à la politique coréenne, il se trouve que j’ai écrit une lettre au président Sud-Coréen (je vous rappelle QU’IL NE S’AGIT PAS de Kim Jong-Il…Hum…) il y a quelques jours, et qu’elle a été publiée dans le journal en ligne Coréen « Ohmynews », avec un petit préambule expliquant pourquoi je me suis senti poussé à envoyer une telle lettre.

Ceux d’entre vous qui seraient intéressés, voici le lien de cet article. Il est écrit en coréen. Mes capacités en coréen ne sont pas trop mauvais mais ma femme m’a aidé à le corriger, en particulier en ce qui concerne la traduction de la lettre elle-même (plus que pour la section qui la précède.) La lettre figure dans la seconde section. Cette version sur ce blog, en français, est une traduction de l’originale en anglais. Pour l'article, cliquez ici.

J’ai écrit cette lettre en anglais car je souhaitais garder le contrôle de ce qui était dit et de comment c’était dit. Il est évident qu’on n’écrit pas de la même manière lorsqu’on écrit à un président, par conséquent écrire en coréen aurait signifié, pour moi, à cause de mes capacités linguistiques encore insuffisantes, une certaine perte de contrôle sur le contenu, et ce n’est pas ce que je voulais.
De plus, le gouvernement actuel a tellement insisté sur l’importance de l’éducation en anglais à l’école qu’il n’est que justice de leur envoyer un email dans cette langue, afin de vérifier s’ils me répondent ou pas.

Donc, pour en revenir à l’histoire principale.

Certains d’entre vous ont peut-être appris qu’une personne se présentant sous le pseudo de « Minerva » a récemment été arrêtée par les autorités coréennes, accusée de diffuser de fausses informations sur internet à propos de la politique du gouvernement.

Voici quelques liens (en anglais) résumant la situation, de Reuters et de Reporters sans Frontières.

Il se trouve que cette personne est au chômage, qu’elle a la trentaine, et qu’elle n’a pas de formation particulière en économie, ou dans pas grand chose d’autre, et qu’elle dit être passionnée par l’économie depuis le collège. En gros, il s’agit d’un autodidacte.
Il a fait plusieurs prévisions sur l’économie coréenne et la politique économique du gouvernement coréen qui se sont réalisées. Inutile de préciser que ses prévisions portaient sur ce qui n’allait pas, comme une chute de la bourse et de la monnaie coréenne, des prévisions qui n’étaient pas du goût du gouvernement présent, étant donné les problèmes que rencontre l’économie mondiale, et donc la Corée.

Ce “Minerva” prétendait également être un spécialiste en économie et finances, alors que ce n’était pas le cas. Ceux qui connaissent un peu la Corée, en particulier ceux qui y ont vécu, sauront à quel point l’éducation est importante pour les Coréens, et combien seront différentes les réactions des gens à votre égard suivant que vous ayez fait de longues études ou non. Un professeur d’université aura l’un des statut les plus hauts dans la société coréenne, alors que quelqu’un comme notre « Minerva » sera tout simplement un moins que rien.
Sachant cela, il n’est donc pas surprenant d’apprendre qu’il ait pu mentir sur son CV, car, autrement, personne n’aurait pris la peine d’accorder la moindre minute d’attention à ses articles.

Après avoir eu quelques prédictions correctes, un plus grand nombre de personnes commença à s’intéresser à ses écrits, croyant que leur auteur était une espèce d’expert financier à la retraite, alors que ce n’était pas le cas.

Il est important de rappeler que, pour autant que je sache, ses articles ne lui rapportaient rien, et qu’il n’a arnaqué personne, mais qu’il a juste été arrêté pour avoir prétendument menti sur son blog.
En fait, cela revient à écrire un blog dans lequel sont exprimées des vues sur l’économie d’un pays (de son propre pays), se tromper sur certains faits ou s’amuser et imaginer ce qu’il va se passer, ou prétendre savoir ce que va être la politique économique d’un pays, et se faire arrêter pour ces raisons.

Cool non?

Examinons d’un peu plus près son comportement machiavélique:
- Utilisation d’un pseudo en lieu et place de son vrai nom. Surprenant pour un blog ?!
- Faits avancés s’avérant faux. Alors que dire du président coréen annonçant, avant son élection, une croissance annuelle de 7%, et avertissant maintenant que celle-ci pourrait bien être proche de 0% en 2009, voire que la Corée pourrait même avoir à faire face à une récession. Accusé levez-vous !
- Diffusion de mensonges sur la politique du gouvernement. Et bien, puisqu’il est juste un citoyen de base, n’a-t-il pas le droit de dire ce que bon lui semble sur ce sujet ? Si certaines personnes, y compris des membres du gouvernement Coréen, sont suffisamment stupides pour croire tout ce qui est écrit sur le blog d’un auteur anonyme, il me semble que c’est tout d’abord leur responsabilité première que d’utiliser leurs capacités d’analyse (s’ils en ont – il semblerait que certaines personnes ne connaissent pas le sens de l’expression « esprit critique ») pour juger s’il est raisonnable ou non de croire dans les prévisions d’un blogeur anonyme. Personnellement, cela me semble, à tout le moins, déraisonnable et stupide.
- Mensonges sur son CV. Oh…vous voulez dire que… on peut m’arrêter pour ça ? Alors, si je disais que je parle coréen parfaitement sur mon CV ? Ca compte comme un mensonge ou pas ?… Apparemment la police va avoir du boulot dans les mois qui viennent.

Certaines membres (particulièrement déraisonnables/estrémistes/fous) du gouvernement reprochent également à Minerva d’avoir fait perdre 2 milliards de dollars au gouvernement sur le marché des changes, car il aurait tellement influencé le marché en diffusant certaines rumeurs qu’un grand nombre de personnes se seraient trouvées poussées à vendre des wons pour acheter des dollars, provoquant une chute de la devise coréenne (la plupart des analystes financiers disent que cela est tout simplement impossible, même si personne ne nie son influence).

En résumé, le problème principal est celui de la liberté d’expression et des libertés civiques. Si le gouvernement Coréen se met à arrêter des gens à cause de ce qu’ils disent ou écrivent, sur des blogs ou ailleurs, cela signifie, fondamentalement, un retour aux régimes « traditionnels » totalitaires du passé. Les Coréens veulent-ils cela ? Non. Aucun. A part peut-être ceux dont l’intérêt est de garder le peuple sous leur contrôle afin de pouvoir mieux les exploiter, c’est-à-dire les politiciens au pouvoir et leurs amis dans les affaires.

Il s’agit d’une affaire extrêmement grave. Si je ne le pensais pas, je n’écrirais pas ce post.

Ci-dessous suit ma lettre. Pour le moment, il semblerait que mon email n’ait pas encore été lu (envoyé le 12 janvier). La version française de ce post est bien plus tardive que la version anglaise(mis en ligne le 14), mais rien n’a changé. De ce fait, j’ai ré-expédié jeudi dernier (le 15) cette même lettre, non pas par email mais en recommandé cette fois-ci, afin de m’assurer qu’elle arrive bien à son destinataire. Bien sûr, impossible de savoir si elle sera même lue ou juste mise au panier. Mon sentiment est qu’elle donnera naissance à une petite enquête sur ma personne, afin de savoir qui est ce Français qui se permet d’écrire à son altesse sérénissime le Président de la République de Corée… et que je n’aurai pas de réponse…cela va de soi…

Je me doute que beaucoup pourront penser que tout ça ne sert pas à grand chose. Mais ils se trompent. A travers cette lettre, et à travers sa publication dans le journal coréen en ligne « Ohmynews », il semblerait qu’elle ait contribué à stimuler encore un peu plus le débat sur cette affaire. C’est vraiment un sujet sensible en Corée, avec ou sans cette lettre, mais si je peux contribuer à ajouter ne serait-ce qu’un peu plus de pression par cette action, ou à inciter ne serait-ce qu’une seule personne à être un citoyen un peu plus actif, je pense que ça en aura valu la peine.

N’hésitez pas à en parler autour de vous. Pas de cette lettre en particulier bien sûr, mais de cette affaire Minerva. Cela concerne chacun d’entre nous, que l’on vive en Corée ou pas, que l’on soit Coréen ou pas.

Enfin bref, voici la bête :

M. le Président de la République,

Je prends le temps de vous écrire cette lettre car les derniers développements d’une affaire faisant l’actualité de ces derniers jours m’inquiètent profondément.

Je fais référence ici à l’affaire « Minerva ».

Je suis particulièrement troublé par le fait qu’une personne puisse être arrêtée parce qu’elle aurait soi-disant avancé des faits inexacts dans l’un de ses articles

Si la Corée prétend être une démocratie, elle ne peut en aucun cas arrêter qui que ce soit sur la base de telles accusations. Si des gens sont arrêtés pour de telles raisons, cela voudrait donc dire que le gouvernement de Corée du Sud a décidé d’ignorer à la fois la loi et la liberté d’expression, laquelle est inscrite dans la Constitution coréenne elle-même.

J’ai le droit, si je le décide, d’exprimer une opinion qui va à l’encontre de la politique du gouvernement, ou qui soit fausse. J’ai même le droit, en tant qu’individu, de donner des chiffres inexacts à propos des politiques du gouvernement, tant que je n’exprime pas ces vues dans le but de réaliser une escroquerie. Après tout, de nombreuses personnes passent leur vie entière à mentir par omission, en particulier en politique ou dans les affaires, et ne sont jamais arrêtés. Les gens sont libres d’écouter, ou de ne pas écouter, toute opinion, et sont libres de leur accorder, ou pas, leur attention. Mais procéder à l’arrestation d’une personne à cause de ce que celle-ci a pu écrire constitue, sans aucun doute, un retour à des pratiques autoritaires indignes du grand pays qu’est la République de Corée.

Si on arrêtait les citoyens sur ces bases, le présent gouvernement coréen devrait probablement arrêter ou enquêter sur des milliers de personnes exprimant des vues ne plaisant pas à quelque membre du gouvernement. Etant donné que la Corée est fière de sa vibrante démocratie, il est tout simplement impossible d’arrêter quelqu’un sur la base d’une opinion personnelle qu’il aurait exprimée, car la force d’une démocratie réside dans sa capacité à permettre l’existence de toutes sortes de dialogues et l’expression de toutes sortes de points de vue et, en particulier, des vues opposant les politiques du gouvernement et qui sont la preuve d’une démocratie saine et dynamique.

La force d’une démocratie réside dans son peuple. Permettez-moi de vous rappeler quelques articles de la constitution coréenne, sur laquelle est fondée toute loi en Corée et qui est le fondement du système de gouvernement démocratique coréen.

Chapitre 1 – Principales dispositions
Article 1
(1) La République de Corée est une république démocratique.
(2) La souveraineté de la République de Corée résidera dans le peuple, et l’autorité de l’état émanera du peuple.

Article 7
(1) Tout fonctionnaire de l’état sera au service de l’ensemble du peuple et sera responsable devant le peuple.
(2) Le statut et l’impartialité politique de chaque fonctionnaire de l’état seront garantis comme indiqué par la loi.
(Source: "Labor Laws of Korea 2005" - Editeur: Ministre du Travail)

Comme vous l’aurez remarqué, et comme vous le savez déjà, le mot clé de ces articles est le mot « peuple ».
Par conséquent, lorsqu’un membre du « peuple » est arrêté de la façon dont « Minerva » l’a été, cela a de graves implications pour tous les autres membres du « peuple » de la République de Corée. En d’autres termes, la suppression potentielle de leurs libertés individuelles.

Monsieur le Président, vous avez été élu par le peuple pour servir le peuple. Comme de précédents événements l’ont montré en 2008, pendant votre présidence, votre rôle est de servir le peuple en tant que président, la plus illustre position qu’un Coréen puisse rêver d’atteindre grâce à sa diligence, son talent, son dévouement et des sacrifices personnels.

Je ne doute pas que vous soyez conscient de l’honneur suprême qui est celui d’être président du grand peuple coréen, et je ne doute pas que vous ayez consacré votre vie à essayer d’améliorer et développer votre pays, comme tant d’autres Coréens de votre génération qui ont travaillé si dur. Tous les citoyens en sont conscients et vous remercient d’avoir accompli votre devoir de la plus honorable des manières. Cependant, les événements auxquels je faisais référence au début de cette lettre sont extrêmement inquiétants, car ils menacent un principe central de la démocratie : la liberté d’expression ; le droit pour chaque individu d’exprimer son point de vue, qu’il soit pour ou contre le gouvernement.

Si ce principe fondamental est menacé, cela consistera en rien moins qu’une menace pour la démocratie elle-même.

Monsieur le Président, la preuve qu’une démocratie est saine et dynamique est vérifiée lorsque des vues opposées peuvent être exprimées sans crainte de se voir arrêté par le gouvernement en place. Si cela venait à disparaître de la vie politique coréenne, cela signifierait tout simplement un retour à l’époque des régimes autoritaires que les Coréens ont endurée pendant de nombreuses années et pendant lesquels tant de monde a souffert.

S’il vous plaît, n’imposez pas aux Coréens un retour à des jours plus sombres que plus personne ne souhaite vraiment. J’ai beau n’être qu’un étranger ignorant venant de France et habitant en Corée depuis 2002, et de ce fait ne pas être une personne dont on écoute les conseils lorsqu’il s’agit d’affaires coréennes internes, je ne suis pas ignorant quant aux principes de la démocratie. En cela vous pouvez me faire confiance. C’est pourquoi j’espère que votre gouvernement réalisera finalement que ce n’est pas dans l’intérêt de la Corée d’arrêter des gens sur la base de ce qu’ils ont pu dire ou écrire.

Je m’avancerai même en disant qu’une telle action pourrait probablement s’avérer anticonstitutionnelle. Bien que n’étant pas juriste moi-même, permettez-moi de citer de nouveau ici le début d’un autre article de la constitution coréenne.

Article 21
(1) Tout citoyen bénéficiera de la liberté de discours et de presse, ainsi que de la liberté de se réunir et de former des associations.
(2) La restriction ou la censure du discours ou de la presse, ainsi que la restriction ou la censure de la liberté de réunion ou de former des associations ne sera pas reconnue.

Monsieur le Président, avec tout le respect dû à votre position, je vous prie humblement, pour le bien de la démocratie coréenne et pour son futur au sein des démocraties de ce monde, de porter à cette lettre toute votre attention, et de prendre les mesures appropriées qui permettront de s’assurer que ne soit pas foulé aux pieds ce droit fondamental qu’est la liberté d’expression.

Je vous remercie pour votre attention.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, mes respectueuses salutations.


Bruno Payen

Wednesday, 7 January 2009

LA COREE REUNIFIEE !!!

J'ai une SUPER info à vous communiquer. La Corée n'a plus besoin d'être réunifiée vu que c'est déjà arrivé et que tout le monde peut le constater.
J'imagine que personne ne me croit, mais c'est vraiment dommage, parce que, si on jette un oeil à la météo coréenne, il semble bien qu'ils savent quelque chose que nous (enfin, je veux dire vous) ne savons pas.

Voici une photo d'une météo récente sur KBS1 (décembre 2008):

Et en voici une autre de MBC:


Que remarquons nous?
Et bien il me semble que l'on nous montre la vérité, en d'autres termes la réunification des deux Corées est un événement qui s'est déjà produit. C'est juste que la plupart des gens se foutent royalement des prévisions météo (coréennes), ou bien ils seraient au courant de cet événement historique (c'est probablement lié au fait qu'ils se sont superbement plantés ces derniers temps).

Pour ceux d'entre vous qui ne verraient pas où je veux en venir ici (parmi les rares heureux élus qui osent me lire), apportons quelques précisions.
Comme tout le monde le voit sur ces photos ces prévisions concernent l'ensemble de la péninsule Coréenne, pas seulement la partie sud, qui est suposée être la Corée du Sud (nom officiel: République de Corée). Il n'est fait aucune mention de la Corée du Nord où que ce soit sur la carte, même si plusieurs températures visibles dans cette partie correspondent à la Corée du Nord et sont clairement indiquées.

C'est à dire que les prévisions météo reconnaissent l'existence physique de la Corée du Nord, en tant que zone septentrionale de la péninsule coréenne, but ne semble pas reconnaître son existence politique. Je n'ai pas vérifié si c'est également le cas de toutes les autres météos sur les autres chaînes coréennes, mais on peut s'en douter.

Cela devient encore plus intéressant si on regarde ce qu'il en est des cartes apparaissant dans des livres édités par des éditeurs Coréens (inutile de mentionner que je ne parle pas d'éditeurs Nord Coréens)

Un petit livre qui est régulièrement réédité et dont le titre est, ironie du sort, "Facts about Korea", offre plusieurs cartes du pays. Si vous feuilletez le livre, vous pourrez voir la carte de Corée suivante:

Cette carte n'est ni une carte des caractéristiques géographiques de la Péninsule Coréenne (montagnes, fleuves, etc.) même si les montagnes principales sont indiquées de manière symbolique par de jolis petits dessins sympas, tout comme les fleuves et quelques plaines, ni une carte politique, ou nous aurions d'autres d'indications à part les noms des pays et celui de Séoul comme l'unique ville alentours. Mais une chose est sûre: malgré le fait que les pays voisins sont visibles (la Chine et la Russie), ce n'est pas le cas de la Corée du Nord.

Les autres cartes de ce livre offrent le même aperçu, dont la caractéristique récurrente est l'absence notoire du voisin nordique.

Bon, comme il se pouvait que cela soit dû à de la malchance et au choix du livre, pour en avoir le coeur net, je suis allé faire un tour à la librairie Kyobo (la plus grande de Séoul), et ai vérifié d'autres livres et cartes sur la Corée (édités par des éditeurs Sud Coréens, un point bien sûr très important) pour m'assurer que je n'étais pas la victime d'hallucinations ou d'idées préconçues sur ce que j'avais suspecté depuis de nombreuses années mais n'avais jamais pris le temps de vérifier.

Je suppose que vous avez déjà deviné le résultat de cette petite recherche, et vous avez raison (parce que vous êtes tous très intelligents): AUCUNE CARTE de la Corée ne mentionne l'existence de la Corée du Nord (j'aurais dû mentionner son nom officiel: La République Populaire Démocratique de Corée).

Et vous me trouverez peut-être naïf, mais je trouve ça tout bonnement INCROYABLE!!!

J'ai souvent discuté de la possibilité d'une réunification future entre le Nord et le Sud avec des amis (Coréens ou non), ma (belle)famille coréenne et des profs, et jusqu'ici ce fait INCROYABLE n'avais jamais été mentionné une seule fois.
Je sais...une explication possible est que c'est un élément trop évident pour eux pour qu'il leur vienne à l'esprit.
Une autre explication est ce que l'on appelle communément "lavage de cerveau". Vous voyez ce que je veux dire?...

Hé! Mon intention n'est pas de ne pas être sympa avec les Coréens (Je ferais mieux pas, ou ma femme risque ensuite de se venger). Mais il doit bien y avoir une explication correcte.

Un peu plus tard, alors que nous discutions de choses et d'autres avec des amis Coréens, le sujet m'est venu à l'esprit et j'ai pu leur poser la question. Une personne m'a répondu que ça n'était en rien surprenant pour la simple et bonne raison que la constitution coréenne stipule que le territoire de la République de Corée comprend la totalité de la péninsule coréenne!

Afin que les choses soient claires, laissez moi citer ici l'article de la constitution auquel cette personne faisait référence. J'ai ma propre petite collection de livres sur la Corée et certains d'entre eux incluent la constitution coréenne traduite en anglais. Alors en voici un article:
"Article 3 - Le territoire de la République de Corée comprend la péninsule coréenne ansi que les îles adjacentes". (ma traduction - si vous connaissez des sites offrant une traduction officielle de la constitution en français, merci de me faire signe)
Pour ceux qui souhaiteraient lire (en anglais) la constitution coréenne dans sa totalité(!!), suivez le lien suivant: link to the Constitutional Courts of Korea.

OK. On commence à y voir un peu plus clair.
Puisque la CONSTITUTION Sud Coréenne elle-même inclut une non-reconnaissance de l'entité communiste du Nord (car en incluant la totalité de la péninsule coréenne elle rend par la-même impossible l'existence d'une autre entité politique partageant le même espace), il est donc logique que la Corée du Nord ne soit mentionnée nulle part.

N'est-ce pas?

Et bien, disons que s'il s'agissait d'un pays disposant d'une plus grande liberté d'expression (plus que la Corée du Sud) on pourrait s'attendre à ce qu'au moins une poignée d'éditeurs reconnaissent l'existence de la Corée du Nord sur quelques cartes, ne serait-ce que pour mentionner des faits, car personne ne peut nier l'existence, de facto, de la Corée du Nord. Mais, sur le terrain, la réalité est différente, et voici pourquoi.

Nonobstant la partie à propos du territoire qui est écrit dans la pierre dans la constitution (voir ci-dessus) et qui empêche toute reconnaissance idéologique ou politique du Nord, il existe une autre loi qui se trouve au centre de ce problème. Elle s'appelle la Loi de Sécurité Nationale.
Il s'agit fondamentalement d'une loi anti-communiste qui existe depuis 1948 et qui a été utilisée à maintes reprises pour limiter la liberté d'expression en Corée depuis lors. Cette loi est utilisée pour contrer toute activité de nature pro-communiste, pro-Corée du Nord, etc. et qui pourrait "mettre en danger" la Corée du Sud.
Etant donné que son application ainsi que son interprétation sont très larges, elle peut être utilisée dans des cas très variés et est très pratique pour les gouvernements qui souhaitent restreindre les droits civiques ou qui veulet avoir la main libre pour faire ce qu'ils veulent. Ceux que ça intéresse pourront consulter ce lien d'une version anglaise ou ici pour une version coréenne (les courageux!).

Avec la combinaison de ces deux lois, l'une constitutionnelle, l'autre permettant de considérer toute personne criminelle ou traitre, il n'est pas surprenant de constater une absence totale de cartes se contentant même de mentionner la Corée du Nord, car cela implique une condamnation potentielle pour l'éditeur (des condamnations qui vont de la prison à la peine capitale).

Ce problème de non-reconnaissance de la Corée du Nord en tant qu'entité politique est un problème très grave pour plusieurs raisons. La plus importante étant probablement le fait que si l'on veut conserver un espoir de réunifier un jour le Nord et le Sud, je ne vois pas comment cela pourrait se réaliser puisqu'il semble impossible et absurde d'imaginer vouloir réunifier deux parties dont l'une n'existe pas en théorie.

Cette situation ubuesque n'a pas plus de sens pour les gouvernements coréens successifs, car ils ont tenté de négocier pendant de nombreuses années sur plusieurs fronts avec la Corée du Nord, notamment lors des pourparlers à six, avec les deux Corées (la Corée du Sud et celle qui n'existe pas), les Etats Unis, la Russie , la Chine et le Japon.

Je ne vois pas une situation aussi paradoxale mener à quelque rapprochement sérieux que ce soit entre les deux Corées. Tant que l'un des principes fondamentaux de l'existence de la Corée du Sud (son territoire comprenant la totalité de la péninsule coréenne) est là, la seule méthode qui permettrait d'aboutir à une réunificaion serait une guerre ou une désintégration totale du Nord, et ça n'est pas près d'arriver.

Si je ne me trompe pas, jusqu'à la présidence de Kim Dae-jung et sa politique du rayon de soleil (sunshine policy), la seule stratégie de réunification menée par les gouvernements Sud Coréens successifs était une politique de réunification par "assimilation". Certainement la seule politique valide quand on considère l'article 3 de la constitution coréenne...

De plus, le nouveau status de pays riche de la Corée du Sud signifie souvent que l'attitude du gouvernement Sud Coréen peut facilement devenir condescendante envers le Nord. Inutile de préciser que cela peut-être insultant à l'égard des Nord Coréens en général et, au final, contre productif en ce qui concerne une éventuelle amélioration des relations diplomatiques (qui, en théorie, ne peuvent exister).

Comme de nombreuses choses en Corée, cette situation est paradoxale. Elle est, bien sûr, un héritage de la guerre froide, et les futurs gouvernements Coréens feraient bien de comprendre qu'ils ont tout à gagner dans la reconnaissance de l'existence de la Corée du Nord et dans une plus grande liberté des citoyens. Mais pas grand chose ne pourra être réalisé s'ils continuent de refuser la réalité se trouvant sous leurs yeux.

Voilà pour ce post.
Je ne suis pas sûr d'une chose, c'est de savoir qui, concrètement, peut être tenu pour coupable si l'on se base sur la Loi de Sécurité Nationale. Cela dépend sûrement du contexte. Aurai-je à faire face à la peine capitale pour avoir écrit ce qui pourrait être considéré comme un post anti-gouvernemental? Suis-je une menace pour la Corée du Sud? Euh... Vite, appuyons sur SUPPRIMER!!!

Ah! Et puis, avant que j'oublie...BONNE ANNEE 2009!!!

Friday, 12 December 2008

Musique classique et Méchants

Plaît-il ?…
Hmm… J’imagine déjà les mines et les esprits perplexes à la vue de ce titre. Que peut-on bien pouvoir dire sur ce sujet qui soit un tant soit peu intéressant ?
Et bien, je suis désolé de vous annoncer que, si c’est ce que vous pensez, vous vous mettez le doigt dans l’œil. Et si vous voulez savoir ce qu’il peut bien y avoir d’intéressant, j’ai bien peur qu’il vous faille lire ce post. C’est vraiment dommage…

Alors bon, de quoi s’agit-il ?

Au cours de mes nombreuses années en Corée (j’habite ici, à Séoul, depuis l’automne 2002, ce qui est moins que certains mais plus que la plupart) j’ai pu voir de nombreux « dramas » - ces séries à l’eau de rose très populaires en Corée, et sur lesquelles il faudra que j’écrive quelque chose un jour – et, un beau jour, j’ai pris conscience de quelque chose d’assez extraordinaire (pour moi en tout cas).

La plupart du temps, les personnages qui aiment la musique classique sont les méchants.

Si, si. Vraiment.
Enfin, quand je dis « les méchants », ça ne veut, en fait, pas dire gangster, voleur, ou tueur en série. « Méchant » ici signifie quelqu’un qui est tout simplement mesquin, prétentieux, arrogant, sans scrupules aucun, cupide, quelqu’un qui n’a jamais entendu l’expression « fair play », qui est condescendant et enfin, dernier défaut mais non des moindres, qui est…riche. (possible que j’en ai oublié quelques uns.)

Je sais, ça a l’air injuste pour les fans de musique classique. Mais après avoir constaté, systématiquement, que le fils de p… qui venait de fomenter un complot pour s’assurer que l’ex-copain de sa copine ainsi que toute sa famille brûlerait en enfer (ou resterait pauvre, malade et dépressif) pour les 25 générations à venir afin de s’assurer qu’il ne se sentirait pas menacé de quelque façon que ce soit, écoutait de la MUSIQUE CLASSIQUE, je réalisai enfin à quel point Mozart et son œuvre était l’œuvre du Malin. Il est sûr que si je continuais à regarder ces dramas suffisamment longtemps, je finirais vraiment par penser ce genre de choses (c’est effrayant).

On peut dire que j’exagère légèrement, mais seulement en ce qui concerne l’échelle, sûrement pas en ce qui concerne l’essence de base de ce post.

Qu’est-ce Mozart, Beethoven et leurs copains ont donc de si Maléfique ?

Vous êtes sûrs de vouloir connaître la réponse ?
OK. Je vais vous donner la réponse, mais ne la répétez à personne.

Quand ces dramas associent des méchants à la musique classique, ils critiquent leur propre société, les classes supérieures ainsi que tous les fantasmes que l’on peut trouver partout, et tout le temps, dans la société Coréenne, sur « l’Occident ».

Pour comprendre comment je perçois le fonctionnement de ce mécanisme, il nous faut quelques explications supplémentaires.

Après la fin de la Guerre de Corée (1950-1953), la Corée était un pays en ruines et le processus de reconstruction de la Corée du Sud se fit avec l’aide des Etats-Unis (le contexte idéologique signifie que l’aide des Etats-Unis à la Corée ne devrait jamais être perçue comme une aide bienveillante. Ce ne fut jamais leur seule motivation, et jamais ne le sera. L’emplacement de la Corée (la péninsule Coréenne) a une valeur géostratégique trop importante (frontière terrestre avec la Chine et la Russie, le Japon est un très proche voisin) pour être abandonnée aux mains de l’ennemi communiste. Du moins, c’était en gros l’approche américaine. Aider la Corée était important dans le cadre de la politique américaine d’endiguement – je voudrais juste ajouter que toute relation diplomatique fonctionne sur le même modèle. L’aide d’un pays à un autre n’est jamais gratuite. Il y a toujours quelque chose en retour, ne serait-ce « que » de l’influence politique en arrière plan. Ce commentaire peut donc s’appliquer à tout pays « aidant » un autre pays.)

Cela signifie qu’en Corée, pendant de nombreuses années et encore de nos jours, « l’Occident » est synonyme d’« Etats-Unis », à cause de l’incontournable présence américaine et de son influence dans ce pays, et que le modèle de la Corée a été, et est encore, les Etats-Unis, à tous les niveaux. Que ce soit pour l’économie, l’éducation, le cinéma, la politique, etc. tout et n’importe quoi est plus ou moins copié ou inspiré des Etats-Unis, et cela inclut la musique classique.

Je vous accorde que, à l’origine, la musique classique n’est pas américaine, mais Européenne. Mais puisque, pour la plupart des Coréens, tout ce qui est occidental vient, directement ou indirectement, en provenance des Etats-Unis, on peut malgré tout affirmer que pour la plupart d’entre eux cela ne fait pas une grande différence. En parallèle, la musique classique a une image élitiste. Ce n’est pas comme la Pop ou le Rock, qui sont des musiques associées avec les gens dans la rue, le bruit, la spontanéité et l’énergie brute. La musique classique a son public, qui est généralement plus propre et plus calme, et dans bien des cas, plus vieux et plus aisé.

Bien sûr, on trouvera toujours des jeunes qui adorent la musique classique, ça n’est pas un problème, mais, dans l’ensemble, son public ressemble plus à celui précité qu’à celui que l’on pourrait trouver à des concerts à la Woodstock.

Dans tous les cas, étant donné que les Etats-Unis (alias « l’Occident ») est le modèle pour toute la Corée, les classes Coréennes supérieures envoient leurs enfants dans des écoles internationales et dans les meilleures universités américaines, ils insistent sur l’importance de parler couramment anglais (anglais américain), et de connaître la culture américaine, et de ce fait, veulent apprécier, ou montrer qu’ils apprécient (ce qui est assez différent), la culture des élites américaines, ce qui, pour des raisons historiques, inclut des morceaux de culture européenne, telle la musique classique.

Comme l’image de la musique classique est liée à une espèce d’élitisme, ce qui est le cas en Corée, cela signifie également qu’elle peut bénéficier d’une image assez négative auprès des Coréens de base, et que ceux qui l’apprécient peuvent être perçus, par association, comme snobs.

Mais, plus généralement, il est aussi possible de dire qu’afficher un goût pour des produits occidentaux est souvent associé à de la prétention. Disons que l’on peut comparer ce phénomène à des Anglais utilisant un grand nombre d’expressions françaises ou des Français mélangeant trop d’anglais. On aboutit à un effet similaire. You know what I mean ?

Un exemple typique de ce mécanisme dans une série coréenne serait une scène se déroulant dans un restaurant français chic (avec un sommelier Français parlant anglais avec un très fort accent), de la musique classique en fond et des rideaux baroques tout autour.

Bien sûr, la prétention n’est pas le pire des péchés, mais il n’en est pas loin en Corée, où chacun se doit d’adopter un comportement humble, quelles que soient les circonstances. Donc un riche dont ce n’est pas le cas sera perçu de manière très négative.

Il me faut ajouter qu’un autre facteur très important entre en jeu, et il s’agit de l’aspect nationaliste, ou « groupiste ».

Comme la musique classique vient de l’Occident, elle est, par essence, non Coréenne, et une personne qui se trouve préférer ce qui est étranger à ce qui est Coréen est quelqu’un qui se rend responsable d’un crime horrible. Cela peut parfois être perçu comme une sorte de trahison envers le groupe. (jetez un œil à la part (extrêmement basse) des voitures importées en Corée.)

Les Coréens fonctionnent tout d’abord en tant que membres d’un groupe, l’individu ne vient qu’après. Ils se définissent comme membres de plusieurs groupes, allant du plus petit au plus étendu, comme des poupées russes par exemple :

On peut illustrer cela de la façon suivante :
Premier groupe : parents et famille
Deuxième : école
Troisième : village/ville
Quatrième : région
Cinquième : entreprise
Sixième : pays

Il est parfois possible de lire le contraire, c’est à dire depuis le pays jusqu’à la famille, mais la famille est vraiment le point de départ. Cette succession de groupes ne devrait pas être prise comme fixe ou sans erreurs. Il est évident que je ne peux pas faire la liste de tous les groupes potentiels que l’on peut trouver en Corée (et il y en a beaucoup !). De plus, les groupes géographiques (ex. village) et temporels (ex. telle année dans telle école) ne sont bien sûr pas incompatibles, quelqu’un fait toujours partie de plusieurs groupes en même temps.

Cette préférence donnée aux groupes est souvent un gros problème. Cela prend, entre autres, la forme de régionalisme. Ce régionalisme peut se manifester de manière impressionnante, comme par exemple lors d’élections, où un candidat pourra obtenir plus de 90% (et oui!) des votes de sa région ou de sa ville natale.

Enfin bref, il semble que je m’éloigne un brin du sujet de départ, mais, étant donné que tout est lié, je pense que ce petit ajout était nécessaire.

En conclusion ? Pourquoi ? Il y en a une ? Ben, la prochaine fois que vous regarderez une série coréenne, un drama, regardez attentivement pour vérifier si je n’ai pas écrit n’importe quoi dans ce post. Ce sera ma récompense, et la vôtre.

En écrivant ces lignes, j’ai aussi pensé à l’image de la musique classique dans les séries/films en Occident.
Je me rappelle regarder Smallville (la série retraçant l’adolescence de Superman) et les grands méchants, c’est à dire Lex Luthor et son père, Lionel, écoutaient également de la musique classique (mais pas les autres, pas les gentils). J’ai aussi l’image, je ne sais pas trop de quel film, d’un assassin écoutant de la musique classique (« Orange Mécanique » de Stanley Kubrick pourrait bien correspondre)… il semble bien que musique classique et psychopathes soit une bonne combinaison dans l’imagerie populaire occidentale…

Je me demande d’où ça peut bien venir…peut-être de l’image de Wagner associée à celle de l’Allemagne Nazie ? Je me demande… vos commentaires sont les bienvenus

Thursday, 4 December 2008

Pourquoi TOUS les bloggeurs anglophones sur la Corée sont-ils profs d'anglais ???

J’ai trouvé un site référençant tous les blogs en anglais en rapport avec la Corée. Il s’appelle « The Korean Blog List ». Je suppose que de nombreuses personnes le connaissent déjà, alors ça risque de ne pas être si utile que ça pour les lecteurs de mon blog, MAIS puisque c’est nouveau pour MOI (je ne passe pas toutes mes nuits à surfer sur ces sites) j’ai pensé partager cette information et ajouter un ou deux commentaires sur autre chose.

(NB. Pour ceux qui se demandemt si un tel site existe en français, je leur dirai que je ne le sais tout simplement pas(pas encore). Il existe plusieurs portails sur la Corée, mais ce n'est pas la même chose. Si vous en connaissez, je suis toujours intéressé.)

Mais d’abord, commençons par le commencement, félicitations au créateur de ce site !
Mais quelque chose me chiffonne.
Ce site indique qu’ils ajoutent à leur listing des blogs écrits à plus de 50% en anglais...Hmm... Et si c’est JUSTE 50% ? Pas plus, pas moins, comme par exemple ici. Est-ce que je mérite d’être ajouté à cette liste ? Hmm... et si j’écrivais une phrase (ou un mot) de plus UNIQUEMENT pour les posts en anglais ? Ca ferait 50,01% en anglais, donc plus de 50% non ? C'est sûr, les Français/Francophone risquent d'être jaloux!

Ok. C’était mon premier commentaire. Mais une petite seconde, mon DEUXIEME commentaire va être beaucoup plus intéressant (je vous le promets).
En fait, c’est en rapport avec ce site sur les blogs en anglais sur la Corée.
Je suis bien content que quelqu’un ait monté un tel site car il permet d’avoir une vision très intéressante de certaines des personnes qui habitent en Corée.

Je sais, c’est juste sur des anglophones qui écrivent des blogs, et de ce fait c’est un échantillon biaisé depuis le départ (sans rire), mais bon. Il est étonnant de constater que quasiment tous ces bloggers ont un point commun : ILS ENSEIGNENT L’ANGLAIS EN COREE. Ouais. L’anglais. S’il s’avère que vous habitiez en Corée et que vous lisiez ces mots, vous savez sûrement de quoi je parle, mais qu’en est-il de ceux qui ne connaissent pas l’affreuse vérité ? Hmm ? Est-ce quelqu’un a pensé à ces pauvres âmes habitant ailleurs qu’en Corée ? Je ne peux même pas y penser...

Alors, pour revenir à mon sujet.

Je m’en étais toujours douté, mais après avoir jeté un oeil à une demi-douzaine de blogs, j’ai pu facilement avoir confirmation. Tous les blogs de ces personnes enseignent l’anglais en Corée dans des instituts de langues, des écoles ou des universités.

Bon, il faut comprendre que quand je dis « enseignent l’anglais en Corée » je ne veut pas dire qu’il s’agit forcément de « profs » qualifiés, même si certains le sont. Ces bloggers sont (généralement) des anglophones de langue maternelle (et puis, pour obtenir un poste d’enseignant d’anglais en Corée, ça aide si vous êtes blanc), de préférence des Etats-Unis (les autres accents ne sont pas vus aussi positivement par ici) et, pour beaucoup d’entre eux, sans expérience particulière dans le domaine de l’enseignement de l’anglais langue étrangère.

Il est assez étonnant de constater que, dans la majorité des cas, si vous venez en Corée et que l’anglais est votre langue maternelle, vous avez environ 90% de chances de « finir » par enseigner l’anglais en Corée. Qu'est-ce que tout ça peut bien vouloir dire?
Je sais que je ne peux pas comparer facilement avec n’importe quelle situation, mais disons que si on jettait un oeil aux bloggeurs habitant en Europe, disons les blogs en anglais écrits par des anglophones vivant en Europe dans des pays non-anglophones (c'est à dire tous, sauf l'Angleterre et l'Irlande) je ne pense pas qu’on observerait le même phénomène. C'est une quasi certitude.

Qu’est-ce que cela nous apprend? Qu’enseigner l’anglais en Corée est super cool ? Ou bien que les profs d’anglais en Corée tuent/déportent les bloggeurs qui ne leur plaisent pas, et donc empêchent le dévelopement de blogs d’autres professions ? Cette dernière possibilité a l’air intéressante, mais il est plus probable que c’est plutôt lié à des caractéristiques coréennes plutôt qu’aux instincts meurtriers de nos amis bloggeurs.

Les Coréens sont obsédés par l’éducation. Ils la voient comme une sorte d’ascenceur social ou comme une voie vers le succès, et ils sont littéralement prêts à se ruiner pour pouvoir offrir à leurs enfants la meilleure éducation possible. Et cela commence très très tôt. Je suppose que les Coréens ont raison de voir l’éducation de cette façon, qui penserait le contraire ? Mais comme c’est une réelle obsession, cela implique une concurrence extrême.

A cause de cet environnement très concurrentiel, les Coréens ont mis en place toute une gamme de filtres pour sélectionner uniquement « les meilleurs », et l’un de ces filtres permettant d’obtenir un bon boulot consiste à avoir un bon niveau d’anglais. Du coup, tous les Coréens subissent un lavage de cerveau depuis leur petite enfance qui les convainc qu’il leur est impossible de vivre sans l’anglais, et ils passent un temps fou à l’étudier. Il est certain qu’ils n’y arrivent pas toujours, c’est sûr, mais cette obsession implique qu'il y a une demande très forte pour des profs d'anglais de langue maternelle, et donc que tout anglophone ayant le profil, avec une éducation basique, peut devenir « prof d’anglais » en Corée. Peut-être pas dans une université ou un bon institut de langue, c’est possible, mais il est certain qu’ils seront en mesure de trouver un poste d’enseignant assez facilement avec un salaire décent. Pour ceux qui sont juste à la recherche d’une expérience à l’étranger dans un pays exotique, c’est plus que suffisant pour quelque temps.

En fait, je dis « de langue maternelle », mais étant donné que « de langue maternelle anglaise » est synonyme de « visage pâle » en Corée, cela signifie qu’un tas de profs dans un tas d’instituts de langue ne le sont pas, de langue maternelle. Probablement pas les meilleurs instituts, à coup sûr, mais comme ils sont présentés comme tels dans tous les cas, c’est une vraie escroquerie.
Je n’invente rien, quasiment tous mes ami(e)s « blanc(he)s » (on peut les appeler autrement si vous voulez) ont enseigné l’anglais dans l’un de ces instituts comme prof venant d'un pays de langue anglaise. Pour info, parmi ces personnes figuraient des Polonais, des Bulgares, des Ouzbeks, des Russes, des Scandinaves,des Français ou des Brésiliens...on fait mieux en matière de langue maternelle anglaise...

Pour ceux qui se le demandent, je ne critique pas les profs mentionnés ici, ou leur niveau d’anglais, tout le monde a besoin d’argent pour vivre, mais le procédé dans son ensemble et les écoles en particulier. Les instituts qui les emploient savent en général d’où ils viennent, mais étant donné qu’ils font de la publicité pour des cours donnés par des anglais, américains etc., ils se doivent de trouver des profs qui collent à l’image de l’anglais ou de l’américain qu’ont les Coréens, c’est à dire des blancs. Et on sait bien qu’apprendre une langue avec des profs de langue maternelle coûte/rapporte plus d’argent que le contraire, c’est donc un vrai scandale.

Ceci est vraiment un problème en Corée, parce que le gouvernement coréen veut toujours plus pousser les gens à étudier l’anglais. Ils avaient même comme projet d’avoir les cours de math enseignés en anglais au lycée. Est-ce que ça n’est pas absurde ? Vous imaginez les Français suivre des cours de math en anglais au Lycée? Ca serait un cauchemar pour la plupart (pour tous !). Quelqu’un pense que c’est une mauvaise comparaison ? J'attends votre démonstration.

Est-ce que l’anglais est important à notre époque, avec la mondialisation ?
Bien sûr que si.
Est-ce que ça veut dire que tout Coréen devrait se sentir obligé d’apprendre l’anglais jusqu’à l’épuisement ?
Négatif.
Pourquoi pas ?
Très simple. Dans la pratique, la plupart des Coréens n’ont tout simplement pas la nécessité de parler couramment anglais au cours de leur vie. S’ils vont à l’étranger, alors ils pourront gérer la plupart des situations à l’aide de leur anglais de base, en parlant avec les mains, en souriant, en essayant et se trompant, et par bien d’autres méthodes créatives. Mais pour ce qui concerne leurs activités quotidiennes et leur travail, très peu seront amenés à devoir fréquemment parler un bon anglais. La réalité sur le terrain, c’est que certaines personnes dont l’anglais est courant s’occupent des activités en anglais, et les autres s’occupent de la routine de la boîte où ils travaillent. Rien de surprenant à tout ça.

Essayer de persuader les Coréens qu’ils ont tous besoin de bosser leur anglais, pour leur bien, n’est pas seulement contre-productif, c’est une vraie histoire à dormir debout, car l’anglais et le coréen sont des langues trop éloignées l’une de l’autre pour pouvoir être apprises facilement par l’une ou l’autre partie. Tout Anglais(anglophone), ou Français(francophone), ayant essayé d’apprendre le coréen ne pourrait que le confirmer.

Bref, dans tous les cas, ce n’est pas la seule raison pour laquelle environ 99% des bloggeurs en anglais sur la Corée sont des profs d’anglais. Une autre explication doit être liée à la politique d’immigration du gouvernement Coréen. Il est certainement relativement facile d’obtenir un visa de prof, mais bien moins quand il s’agit d’une autre activité, car il faut être "sponsorisé" par une entreprise coréenne.

Thursday, 27 November 2008

Voitures et couleurs en Corée

Commençons tout d’abord par un sujet dont tout le monde connaît quelque chose : les voitures. Quoi "les voitures" ? Et bien, si vous n’avez pas encore visité la Corée, voici ce dont il s’agit: presque toutes les voitures sont soit :
- blanches
- grises
- noires
- n'importe quelle nuance parmi les non-couleurs précitées

Voici une petite photo illustrant mon propos (cette photo, qui n'est pas de moi, peut être visualisée dans son contexte original sur le site web du Korea Times, ici) :



OK, en toute honnêteté, il est vrai que, parfois, on puisse trouver une voiture de couleur bleue foncée, ou bleue marine, ou bien d’une espèce de marron sale, mais c’est à peu près tout. Pas de couleurs vives ou même belles. Rien du tout. Nada. Niente.
Et pourquoi donc ?
Hmm... Je pense qu’il est assez difficile de donner une réponse nette et définitive à ce problème, mais voici mon interprétation :
On pourra peut-être mieux comprendre ce phénomène – je l’appelle « phénomène » car pour moi, il est clair que c’est assez spécial. On ne trouve pas vraiment quelque chose de similaire en Europe ou en Occident en général, et je pense qu’il en est de même au Japon – en observant plus précisément quelles sont les voitures, les véhicules, qui présentent des couleurs. Je sais, je viens de mentionner que par ici toutes les voitures étaient monochromatiques, mais j’aurais dû préciser « voitures personnelles », car lorsqu’on jette un oeil dans les rues de Séoul, on peut voir, en fait, un grand nombre de voitures de couleur, de véhicules de couleur, mais aucun (ou presque) n’est une voiture personnelle. Il s’agit de :

- camions : camions de chantiers, de pompiers, etc.
- bus : tous les bus de transport scolaire sont jaunes – absolument TOUS ! A tel point que je me suis demandé si c’était obligatoire... et les autres bus son soit verts ou bleus.
- tout type de véhicule utilitaire ayant une quelconque fonction. En d’autres termes, des véhicules qui ne sont pas destinés à un usage personnel/privé, mais plutôt qui sont utilisés par des organizations, des institutions ou des entreprises. Par exemple, des voitures de la ville de Séoul, des voitures de police, ou de toute entreprise qui peut par ce biais faire sa propre publicité, etc.

Il y a peut-être d’autres exemples qui ne me viennent pas à l’esprit maintenant, mais vous voyez sûrement de quoi je veux parler.

La principale raison pour laquelle les Coréens ne souhaitent pas avoir de voiture de couleur tient au fait qu’ils pensent qu’une telle voiture les ferait remarquer, et c’est quelque chose que les Coréens évitent à tout prix. Pourquoi cela? Et bien tout d’abord, se faire remarquer peut signifier que l’on va être la cible potentielle de critiques, et avec la mentalité de groupe dominant tous les aspects de la culture coréenne, chacun se doit de faire son possible pour être un membre de la collectivité sans faire de vagues. Et il est certain que posséder une voiture de couleur peut attirer l’attention. C’est à dire que cette possession peut devenir une cible potentielle de commentaires, qu’ils soient positifs ou négatifs.

Comme toutes les voitures sont monochromatiques, posséder par exemple une voiture rouge implique qu’elle sera beaucoup plus visible que si elle était blanche ou grise, et de ce fait on pourra se demander (on se demandera) quelle est la raison à l’origine de cette déviance de la norme ; et dévier de la norme peut soulever des questions sur le propriétaire, si ce membre de la société est un bon membre, avec un comportement correct. Au bout du compte, cela peut avoir comme effet de menacer, même inconsciemment, la collectivité dans son ensemble et signifier que le propriétaire de la voiture rouge aura probablement à faire face à plus de critiques que si sa voiture s’était juste avérée blanche. Et qui aime être l’objet de critiques (potentielles)?
Cela signifie que, lorsque vous possédez une voiture de couleur (oui, il est en fait POSSIBLE de trouver de telles voitures), il s’agit presque toujours de voitures (personnelles) dont le but est d’afficher le status de leur propriétaire. Les voitures de sport en sont le meilleur exemple. Bien sûr, comme tout le monde le sait, il n’y a pas qu’en Corée que les voitures de sport sont rouges (merci Ferrari), mais le fait qu’on ne trouve aucune voiture de milieu de gamme en couleur est à coup sûr une exception coréenne.

Par exemple, parmi les fabricants automobiles étrangers jouant sur cette image de status en Corée on trouve Peugeot (avec la Peugeot 206) et Volkswagen (avec la Coccinelle). Ils ciblent des marchés jeunes, cool (et aisés), qui souhaitent renvoyer une image branchée. Pour ces exemples, la couleur de la voiture colle à l’image projetée par la voiture.

Oh! J’allais oublier quelque chose d’extrêmement important.
Il existe bel et bien des voitures de couleur qui ne sont pas des voitures à statut (hmm...) et qui ne sont pas des véhicules avec une espèce de fonction. Devinez un peu. C’est assez intéressant, car ces voitures se trouvent à l’opposé de la gamme des voitures à statut juste mentionnées. Tout à fait. Les voitures les moins chères, et les plus petites, sont souvent (toujours ?) des voitures de couleur. Est-ce que ça n’est pas génial ?
On peut donc trouver des modèles en couleur parmi les voitures projetant le statut le plus élevé et celui le plus bas, mais pas parmi les autres modèles. Cela en dit long sur l’importance vitale du status en Corée, un sujet qui reviendra probablement constamment dans ces posts.

Sachant que la possession d’une (petite) voiture personnelle indique au monde alentour que vous n’avez en gros pas l’argent pour en acheter une meilleure (cad. plus grosse), qui voudrait s’en procurer une ? Tout d’abord, ceux qui, vraiment, n’ont pas les sous, et, ensuite, ceux qui sont supposés ne pas se soucier de ce que l’on peut penser d’eux lorsqu’on les voit conduire ces voitures parce que limage de cette voiture correspond à l’image que les gens se font d’eux. En d’autres termes, en général de jeunes femmes. Probablement parce que, en Corée, la voiture est principalement une affaire d’homme plus que de femme (mais certainement pas uniquement en Corée). Ces voitures peuvent en fait également se trouver être, dans certaines circonstances, des voitures à statut. Mais ‘statut’ ici doit être pris dans le sens de ‘mignon’. Un peu comme lorsqu’on regarde un enfant conduisant une voiture-jouet.

Je ne plaisante pas. La société coréenne est une société très macho, tournant autour de l’homme, et cette remarque ne surprendra personne connaissant la culture. On attend plus des femmes qu’elles jouent le rôle de la jolie imbécile et de se taire que le contraire. Par conséquent, cela correspond à l’image de la mignone petite voiture de couleur dont je parlais. Mais je devrais probablement revenir sur ce sujet ultérieurement pour traiter de la place des femmes dans la société coréenne. Il y a tellement à dire sur ce sujet que je ne peux pas me permettre de ne pas en parler suffisamment sérieusement.

J’allais oublier. On peut aussi trouver un autre type de conducteur pour ces petites voitures. Il s’agit des fonctionnaires et des employés de certaines entreprises. La raison principale conduisant à la conduite de ces véhicules est liée à des budgets limités. Puisqu’elles sont les moins chères, ces voitures sont très économiques pour des entreprises devant fournir des voitures à certains de leurs employés et pour un gouvernement avec un petit budget.

Ces remarques à propos de la couleur ne veulent pas dire que toutes les voitures à statut sont colorées car, en général, elles ne le sont pas de toute façon. Si on observe les voitures les plus chères dans le marché auto coréen, on remarque qu’elles sont en général toutes noires, grosses, et avec chauffeur (non livré).

L’une des plus grosse voitures coréennes a pour nom la « New Chairman ». Et devinez quoi ? Il semblerait que c’est bien les PDG Coréens qui sont ciblés par ce modèle. Ce sont des voitures, littéralement, pour des « Chairmen ». Je sais, ça a l’air assez déprimant, et ça l’est sûrement, d’un point de vue non-Coréen (et probablement aussi d’un point de vie Coréen), mais tout cela est lié à l’importance qu’il y a à s’assurer que le monde autour de vous reconnaisse votre statut immédiatement, de telle sorte que vous puissiez bénéficier de l’attention et du respect en rapport à votre rang, en tant que « chairman » de telle ou telle entreprise. Statut, statut, statut et statut, rien de plus, rien de moins. N’allez pas penser que c’est mon obsession, c’est juste que c’est un élément tellement dominant de la société coréenne qu’il est impossible d’y échapper.

Le lien entre voitures et statut ne se limite pas à la Corée. Dans tout pays, à toute voiture est associée une image, un statut précis, mais il est certain que cela fonctionne assez différemment en Corée. Appartenir à une certaine classe sociale en Europe (de l’ouest) ne signifie pas que vous deviez acheter un certain type de voiture. Il existe toute une série de facteurs influençant quelle voiture on achète et quelle couleur nous intéresse, mais, au final, la société dans son ensemble ne va pas pousser un acheteur potentiel à acheter un modèle en particulier. En Corée, le sentiment général est que l’on se doit de conduire une voiture appropriée à sa classe. C’est à dire conduire une voiture bas de gamme lorsqu’on est d’une classe aisée est tout à fait déconseillé, et conduire une Coccinelle jaune si vous êtes professeur de français à l’Université Nationale de Séoul ne serait pas du tout approprié (cad. si vous êtes un homme, et Coréen).

Pour revenir aux voitures non-personnelles, il est intéressant de mentionner les taxis.Bizarremment, et je pense qu’il s’agit d’une exception, les taxis Coréens sont en général gris, blancs, ou noirs. Je dis « bizaremment », mais, en fait, cette constatation cadre avec le reste de mon interpretation de ce phénomène, pour la raison très simple qu’une personne qui prend un taxi peut souhaiter rester discrète ; comme quand elle prend sa propre voiture, étant donné qu’elle a le même but : un transport personnel discret.

Il est également important de remarquer que, à Séoul, il y a en gros deux sortes de taxis : les taxis standards, qui ressemblent à n’importe quelle autre voiture précédemment mentionnée (voitures personnelles blanches et noires), et les taxis « deluxe », qui sont TOUS, sans exception aucune, noirs. Oooooh! Quelle coïncidence ! Cela cadre avec mon commentaire précédent à propos des voitures haut de gamme, qui se trouvent être également noires

Pour terminer ce post, je voudrais revenir à la règle de la (non)couleur. Soyons clairs, on pourra toujours trouver des exceptions à cette règle, mais, comme on dit, « l’exception confirme la règle », et si quelqu’un n’est pas d’accord je serais enchanté qu’on me fasse connaître des contre-arguments sur ce sujet. C’est quand vous voulez (dès que quelqu’un lira mes posts...hum...).

Monday, 24 November 2008

Et bien, et bien!

La Corée. Qui a la moindre idée où elle se trouve ? Je veux dire… Je le sais, mais vous ? Vous le savez probablement si vous lisez ces lignes, mais ce n’est pas le cas de la plupart des gens. Certains pensent qu’elle se trouve en Asie du sud-est, près du Vietnam, qu’elle a un climat tropical et que c’est un pays du tiers-monde. Hmm… ne riez pas, j’ai trouvé ce genre d’erreurs dans des journaux aussi respectables que le Financial Times et d’autres, alors qu’en sera-t-il de monsieur tout le monde ?
Allons, allons, ne soyons pas trop durs envers eux, ils ont des excuses… ou du moins ils devraient, non ? Ou peut-être pas...

Ne vous attendez pas à lire un blog trop poli. Il est possible qu’il s’avère en être un, rien n’est encore sûr, mais mon but est d’écrire ce que je veux, comme je veux, sur ce qui se passe par ici (cad. La Corée, vous vous rappelez ?). C’est le plan. Rien de révolutionnaire ici, puisque c’est la nature des blogs. Hmm… C'est cela oui...

- Qu'est-ce que c'est que ce titre? On y parle de nougat? Pas vraiment. En tout cas, vous devriez le savoir si vous parlez coréen. Si ce n’est pas votre cas, tant pis pour vous. Il vous faudra trouver un dictionnaire (et encore, je doute fort) ou un copain qui le comprend (le coréen).

- Est-ce que je réponds aux emails ? Je suppose que ça dépend si j’ai plus d’un lecteur.

- C’est quoi ce plan de bilinguisme ? Et bien, c’est juste parce que j’avais envie, et aussi pour frimer un brin. Non, sérieusement, c’est parce que ça demanderait trop de travail en cinq langues et que mon hollandais n’est pas encore assez bon. (humour où es-tu ?)

- Et en ce qui concerne les sujets abordés? Hmm… Comme vivre en Corée en tant qu’étranger (ne ressemblant pas à un asiatique) peut parfois (tout le temps ?) être une vraie épreuve et que la Corée, malgré son côté occidental de surface, est un pays vraiment exotique, à des lieus de ce que l'on connaît en tant qu'Occidental, les sujets "traités" vont en général porter sur ce qui peut arriver par ici à quelqu’un comme moi (et mes amis) qui y habite (oui, j’habite en Corée, à Séoul), et sur ce que je vois autour de moi et ce que j'en pense. Personne ne devrait juste se contenter de croire ce que je raconte sans vérifier de son côté, même si je ne vais rien inventer.

- Bon, alors, est-ce que je déteste la Corée ? Pourquoi ? Je devrais ? Non, pas du tout. Je ne vais pas casser du sucre sur la Corée gratuitement, même si on pourra le penser en fonction des sujets abordés. Il est plus facile d’écrire à propos de problèmes qu’à propos de trucs qui se passent bien (personne ne lit les journaux ?), alors il est probable que, souvent, je parlerai de problèmes, de ce qui ne tourne pas rond par ici, plutôt que de me contenter de faire l'éloge du pays du matin calme. J’écrirais de la même façon sur ce qui ne va pas en France ou en Angleterre si j’y habitais et si j’avais un blog. Les Français et les Anglais ont de la chance, j’habite en Corée.

- Ah ! Et pour les traductions, comme c’est moi qui écris, ne me prenez pas la tête avec des réflexions du genre « c’est pas identique avec l’anglais ! ». C’est moi l’auteur, alors je fais ce que bon me semble. Vive la différence !

- Alors allons-y ! Shijakhaza !